Le mont Fuji vu de Konandai

Publié le par laurent

fujiC'était un peu le pélerinage souvenir. On venait se promener sur les lieux de l'enfance de quelqu'un. Un endroit parfaitement banal dans la presque banlieue de Yokohama. Un espèce de no man 's land pavillonnaire où on croise des passants une fois toutes les 10 minutes. Et pourtant l'émotion était palpable. La barre d'immeuble où elle avait vécu était encore debout mais le quartier alentour avait complètement changé. Ici, il vaut  mieux prendre des photos pour immortaliser l'image car le bâtiment change à une allure trop rapide. Mais il restait au moins le petit chemin qui mène au sanctuaire en haut de la colline. Il avait été bouché par endroits après la construction de nouvelles maisons, mais on a  pu accéder à la colline, le dernier coin de nature de ce qui avait été un immense terrain de jeu pour enfants autrefois. Il y avait encore pourtant la maison voisine de son amie d'enfance. Du Haut de la colline on pouvait voir le mont Fuji, qui semblait seulement s'élever à quelques kilomètres de là. Après on est redescendu et on a  mangé dans un restaurant-buffet à l'italienne. Désormais toute trace du passé avait définitivement disparue. On se retrouvait dans une atmosphère de banlieue dortoir presque campagnarde, une route nationale avec une station essence, un énorme combini et ce resto un peu kitch. Des images un peu floues lui étaient remontées.
Je me suis souvenu de la fois où j'étais revenu sur les lieux de mes années d'école primaire, dans la banlieue de Paris. Une banlieue calme et l'endroit où mes parents avaient loué leur deuxième appartemment avec une chambre pour mon frère et moi. J'avais senti peut-être un peu la même chose. Les souvenir remontaient mais beaucoup de choses avaient changé. La maison de la mémé, seul bâtiment sur un terrain vague qui servait occasionnellement de base pour les fêtes forreaines, avait été rasé. La même devait être morte. Elle nous filait toujours une pièce de 5 ou dix francs quand on allait lui prendre le pain. Et puis elle nous gavait de fruits en nous parlant de son mari qui était déjà parti. Mais à ce moment-là on s'interessait plus à la pièce de monnaie qu'à ses vieilles histoires sur la vie qui n'avaient pas grand sens pour nous. J'avais aussi revu l'école et le centre de loisirs qui paraissent minuscule, par rapport à l'image que j'en avais conservé. Les petites montagnes qui nous servaient de terrain de jeu n'étaient en fait que de petites buttes. Mais ça n'avait pas trop changé, même si je n'ai pas retrouvé le resto italien où on allait le samedi après l'école.

Publié dans fictions

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