Sanya
L'an dernier , c'est un français qui me parlait du quartier de "sanya". Grand amateur de photo, il était allé y faire un tour pour quelques clichés et meracontait le spectacle un peu triste auquel il avait assisté. Tôt au petit matin il avait pu voir le défilé des travailleurs journaliers qui peuplent ce coin de Tokyo et qui n'ont parfois plus les moyens physiques de se faire embaucher pour une autre journée de travail. Des journaliers souvent trop vieux maintenant et abîmés par une vie sans aucun confort, qui dorment dans des dortoirs...Mais il faut que je relate plus en détail ce que m'a dit une dame japonaise sur ce quartier dont elle semble connaître l'histoire. Un jour, je ne plus comment d'ailleurs, j'ai été amené à parler de "sanya" et cette dame fut très surprise que je connaisse un peu le quartier. Ce n'est en effet pas le genre de chose qu'on trouve dans les guides touristiques. Ayant un bon niveau de français elle m'a fait un topo historique et sociologique de cette portion située juste à côté de la gare de métro Minami-senju, au carrefour de Namidabashi. Je lui laisse la "parole":
Sanya- un grand quartier de "doya" situé au nord de Tokyo- "doya" veut dire hôtel populaire et bon marché pour les journaliers-
Le carrefour de Namidabashi est le centre de Sanya. En 1966 l'appellation de Sanya a disparu. A l'époque d'Edo, Namidabashi était une frontière d'Edo. Près de ce carrefour il y avait le "kozukahara Keijyou" (lieu d'éxécution des condamnés) et "Jyoukanniji", un temple boudhiste où on abandonnait les prostituées malades. Originellement, Sanya était aussi la première ville d'étape de "Nikko Kaido".
Après la seconde guerre mondiale l'économie japonaise s'est dévelloppée très rapidement. Pour répondre aux éxigences économiques, beaucoup de chômeurs des cmpagnes affluaient vers les grandes villes. En même temps, les gens discriminés (coréens, Ainous, utinantu) ont constitué une main d'oeuvre en surplus et Sanya était la base de recrutement de cette main d'oeuvre.
Dans les années 60 , la population de Sanya était de 20000 personnes.
Voici la vie d'un journalier: A 5 heures du matin il passe un contrat pour un jour avec un courtier de la rue au parc devant la gare. Il travaille le plus souvent sur un chantier de construction. C'est un travail de sous traitance d'une grande entreprise de construction. L'ouvrier est dans ce système le maillon le plus faible dans la hiérarchie et il est exploité par les yakuzas.
Petit à petit, des hommes d'action militants ont pénétré ce territoire en conduisant les émeutes des journaliers.
Actuellement, l'âge moyen des habitants de Sanya est de 70 ans. Ce quartier s'est transformé en "ville de l'aide sociale". Beacoup de touristes étrangers peu fortunés profitent aujourd'hui des hôtels populaires bons marchés.
Actuellement, l'âge moyen des habitants de Sanya est de 70 ans. Ce quartier s'est transformé en "ville de l'aide sociale". Beacoup de touristes étrangers peu fortunés profitent aujourd'hui des hôtels populaires bons marchés.
Cet exposé m'a vraiment donné envie d'aller y faire un tour. Pas par voyeurisme mais un quartier marqué par ce genre d'histoire me semble en général difficilement identifiable au Japon. Pourquoi? Parceque l'architecture change constamment et il n'en reste souvent que très peu de traces. Et puis la misère ne se montre pas, en tous cas beaucoup moins qu'en France à mon avis. Par exemple le clochard ne vient pas vous demander une pièce; on dirait plutôt qu'il se cache...
Je suis donc arrivé à Minami senju et me suis dirigé vers le carrefour de Namidabashi. Puis, en pénétrant dans les petites rues parallèles aux deux routes principales qui se rencontrent au fameux carrefour, j'ai simplement constaté que le quartier semblait peuplé de gens âgés. Un peu plus loin un type qui dort adossé à un bâtiment, un autre une fiole de sake à la main qui tente de le réveiller en lui faisant remarquer que c'est pas bon de rester comme ça par ce froid...La misère n'est pas si aisément perceptible. Puis j'ai vu arriver un groupe degens avec leur balluchon, accompagnés par un jeune homme. Le jeune semblait tenter de trouver des places dans des hôtels pour les gens qui l'accompagnaient. Puis en passant devant un pachinko, j'ai regardé à travers la vitrine et je n'ai vue que des vieux avec leurs béquilles, l'air très "abîmés".
C'est dingue! si je n'avais jamais été informé de l'histoire de ce quartier je n'aurais pobablement rien vu! Je veux dire que ce n'est pas écrit sur les murs. En France, quand on pénètre dans un quartier pauvre, on le sent, on le voit. A Sanya c'est plus insidieux. Il y a aussi des maisons et des gens de la classe moyenne qui vivent ici après tout. Et puis tous les bâtiments se ressemblent plus ou moins...Mais quand on y reste un moment l'atmosphère devient plus triste et on constate plus ou moins ce que c'est que de vieillir dans la misère.